du 29 juin au 1er juillet 2018
expositions ouvertes jusqu'au 30 septembre
villa Noailles
Montée Noailles 83400 Hyères
T. +33(0)4 98 08 01 98 /97
Horaires d'ouverture pendant le festival
Vendredi 29 juin : inauguration du festival et des expositions à 19h30
Samedi 30 juin : 10h00 - 18h00 Dimanche 1er juillet : 10h00 - 18h00
La villa Noailles est fermée les 2 et 3 juillet.
Horaires d'ouverture après le festival
(du 4 juillet au 30 septembre)
la villa Noailles est ouverte tous les jours de 14h00 à 19h00.
Nocturne le vendredi de 15h00 à 21h00. Fermés le mardi et les jours fériés.
Entrée libre
du 28 juin au 1er juillet 2018
expositions jusqu'au 30 septembre
Ancien Évêché
69 cours Lafayette
Horaires d'ouverture pendant le Festival
Jeudi 28 juin : inauguration du festival et des expositions à 18h30
Vendredi 29 juin : 14h00 - 18h00
Samedi 30 juin : 11h00 - 18h00
Dimanche 1er juillet : 11h00 - 17h00
Horaires d'ouverture après le festival
Ouvert tous les jours de 11h00 à 17h00.
Dimanche, ouvert de 11h00 à 13h00.
Fermé le lundi et les jours fériés.
Entrée libre
GaM
la Galerie des Musées
22 - 24 rue Pierre Semard
Ouvert tous les jours de 12h00 à 18h00
Fermé le dimanche et le lundi
Entrée libre
La Rue des Arts
rue Pierre Semard
galerie de L'ÉSAD TOULON PROVENCE MÉDITERRANÉE
Place Gambetta
Le Stardust
20 rue Chevalier Paul
Accès à la villa Noailles
!!! Attention ne pas se fier au GPS
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1. Depuis Toulon :
rond-point Henri Petit
avenue Alexis Godillot
avenue Riondet
avenue Victor Basch
Chemin de la porte Saint Jean
Puis parking du Château
2. Depuis Le Lavandou
avenue Ambroise Thomas
avenue Jean Jaurès
avenue Nocart
rue Lamartine
boulevard d'Orient
rue de Verdun
rue de l'ascension
boulevard Matignon
avenue Paul Long
Montée Noailles
puis parking du château
Marché du design
Toulon
place du globe
jeudi 28 juin Midi à Minuit
vendredi 29 juin 10h00 - 16h00
Hyères
villa Noailles
samedi 30 juin 10h00 - 18h00
dimanche 1er juillet 10h00 - 18h00
Pierre Yovanovitch
Sylvie Adigard
Laurent Grasso
Simone Herrmann
Mathieu Lehanneur
Alison Levasseur
José Levy
Pascale Mussard
Julien Oppenheim
Éric Philippe
Alexandre Benjamin Navet
Bérangère Botti & Sophie Genestoux
Pour quitter le monde extérieur et favoriser la méditation, le duo nous plonge dans un univers aux profondeurs énigmatiques. La pièce est traversée par une ligne d’arcanes en diagonale qui délimitent deux territoires : face à l’entrée, l’espace fonctionnel est carrelé d’émail blanc qui dessine une grille du sol au plafond ; de l’autre côté, des arches et des peintures bleu sombre en trompe-l’œil donnent un horizon à contempler. La rectitude du quadrillage blanc est pénétrée d’ombres noires faussement projetées par les ouvertures arrondies, ce jeu de perspectives fictives est renforcé par un miroir patiné qui les prolonge à l’infini vers une dimension insaisissable. Quelques pièces de mobilier, disposées dans la partie claire, offrent le confort nécessaire au délassement et un point de vue immersif sur cette architecture intérieure : un lit de repos aux lignes sobres en pierre de lave conçu par Charlotte Juillard, une table d’appoint, un luminaire. L’ensemble est complété d’une bibliothèque constituée de modules en terre cuite. Ces points de repère ancrent le visiteur dans une réalité qu’il maîtrise quand le reste des éléments l’emmène au-delà des limites tangibles.
Première réalisation commune des jumelles, le projet est dessiné d’après leurs souvenirs de vacances en Méditerranée. L’odeur du figuier, le goût des tomates, le chant des cigales, la chaleur sur la peau… Les aménagements de la cuisine et du salon ravivent la mémoire de leurs sensations passées et éveillent les sens du visiteur. Tous les murs sont enduits de chaux claire qui englobe les surfaces et gomme les angles, le mobilier apportant des formes colorées. La pièce est divisée par une cloison percée d’une arche ouvrant une perspective sur le bassin en mosaïque, dont la couleur aussi bien que le bruit de l’eau apportent la fraîcheur. Cette terrasse intérieure recrée un espace de vie sans contrainte, éclairé par les rayons de lumière tempérée que laisse passer le plafond en canisses. Dans la petite cuisine, la vaisselle dépareillée s’empile dans un meuble ouvert, aux formes arrondies. On glisse sans effort du plan de travail à la table en terracotta douce pour partager le repas au sein d’un décor charmant de petits objets chinés accrochés aux murs, et de vases émaillés d’où pointent de généreux bouquets de bourgeons qui s’ouvriront bientôt pour former des compositions sauvages. Passant d’un espace à l’autre, on profite de la journée comme elle passe.
Nichée au creux de la corniche, la bibliothèque est un lieu secret et protégé, ouvert sur l’horizon. Son agencement reprend les courbes langoureuses et accueillantes de la promenade qui surplombe la mer, avec le langage architectural qui est propre à cet espace de déambulation et d’observation : les escaliers, les plateformes, les réverbères, le banc incurvé qui semble infini. L’aménagement intérieur joue des contrastes observés au dehors, en confrontant la brutalité de la roche et la lumière crue qui éclate sur ses reliefs à la douceur et au raffinement du textile dont les couleurs rappellent la Méditerranée, blanc et bleu azur. L’ensemble est favorable à la réflexion par l’accès aux livres, invite à la rêverie en permettant de s’alanguir sur le mobilier généreux, suggère l’évasion grâce à son ouverture sur la mer et offre également une surface dédiée aux expositions ainsi qu’une aire de jeu pour les enfants. Tout y est pensé pour que les corps y trouvent la posture la plus confortable selon les moments et les envies, particulièrement grâce au système d’assemblage de coussins qui constituent le canapé. Sans contraindre, il définit élégamment des zones adaptées à chaque fonction.
Ce titre évocateur nous promet de rêver. Avec générosité, Lucas Djaou partage les objets qu’il a récoltés au gré de ses voyages, certains troqués, certains trouvés, ils sont chacun le passeur d’émotions et le souvenir de rencontres. L’espace est organisé comme un parcours en deux temps. L’entrée de la pièce colorée en orange vif est conçue, tel un sanctuaire pour exposer des artefacts hétéroclites, là un masque bariolé sculpté dans une noix de coco par un artiste javanais, ici une poupée rituelle chinée en Papouasie-Nouvelle-Guinée, à côté une chaise taillée dans un tronc d’arbre par un ébéniste parisien, plus loin des céramiques balinaises figurant des êtres surnaturels ; on croirait feuilleter un album de philatélie grandeur nature. On prendra le temps d’en scruter tous les détails assis sur de confortables coussins orange, vert, rouge ou or. Le second espace, plus sombre, appelle au repos et à la méditation. Il est entièrement carrelé de terre cuite de Salernes émaillée de noir mat contrastant avec la brillance vigoureuse des feuilles exotiques d’une monstera. Sous ce ciel végétal est placé un grand matelas anthracite où l’on s’allongera repu, nourri des beautés du monde.
Valentin Dubois & Shizuka Saito
La chaleur torride du sud est poussée à son paroxysme dans une mise en scène assumée par le duo qui souhaite provoquer une expérience sensorielle intense. Le décor inattendu pour une salle à manger est volontairement signifié par les parois positionnées devant les murs à la façon de panneaux de théâtre. Le haut et le bas s’opposent et se rencontrent, jouant du contraste entre l’écrasante atmosphère du noir charbon qui émane du plafond et la blancheur éblouissante du sol. Des planches de bois semblent s’être consumées depuis la toiture et dessinent un dégradé vertical et irrégulier évoluant vers le brun roux. Elles touchent le plancher étincelant entièrement recouvert de peinture blanche sur lequel sont posés des tabourets clairs et des vases laiteux fleuris de compositions sèches. Le sol et les objets se confondent presque, donnant l’impression de stalagmites surgissant à la surface. Au centre de la pièce, la table au plateau rouge flamboyant est le seul élément de couleur franche donnant des reflets ambrés à la lumière qui pénètre par la fenêtre. Elle est conçue comme l’âtre, le foyer qui attire et rassemble.
Elle est la scène principale où se contemple une nature morte baroque de vaisselle et de poissons séchés.
La terre est la matière dominante du salon qui en illustre subtilement les déclinaisons multiples. L’architecte d’intérieur observe que sa disponibilité immédiate, sa richesse chromatique et constitutive en ont fait le matériau le plus employé dans l’artisanat et le vecteur des cultures et des savoir-faire, qui se transportent depuis des millénaires d’une rive à l’autre de la Méditerranée. La pièce s’articule autour de trois assises circulaires brunes réalisées selon la technique du pisé qui consiste à compacter la terre brute pour la solidifier. Au centre est placée une table basse en granit et en bronze coulé dans une matrice modelée dans la glaise dont on peut encore lire l’empreinte irrégulière sur le métal figé. Des briques en argile cuite supportent des objets décoratifs en suivant la même logique de transformation de l’élément naturel ; une lampe en verre soufflé (silice vitrifiée) et des vases en céramique qui révèlent une palette délicate plus ou moins chargée en oxyde de fer, passant du rouge au blanc, dont certains sont rehaussés d’un émail noir à l’intérieur. Le plancher, les murs et le plafond sont également enduits de terre blanche naturelle au grain fin. Pour parfaire l’ensemble, un décor de carreaux couverts de chamotte aux tons brûlés est appliqué sur une des parois depuis le sol, qui rend hommage à l’artisanat réputé du village provençal de Salernes.
Pour concevoir cette salle à manger, l’architecte d’intérieur fait appel aux souvenirs joyeux de ses vacances d’enfant dans la maison familiale en bord de Méditerranée. À l’opposé de sa vie quotidienne, ces moments de liberté, baignés par la lumière du sud, lui inspirent une pièce à vivre sans contrainte, où le mobilier est suggéré par de grandes formes en papier mâché. Lit de repos, table ou buffet ? Il appartient à l’utilisateur d’en définir la fonction. Les tongs et la vaisselle se côtoient dans un joyeux bazar. Personne ne nous grondera, c’est la pause déjeuner avant la plage, le plaisir d’être ensemble, pas le temps de ranger avant de repartir jouer. La table en verre incolore disparaît presque, pour ne pas inviter à des comportements trop convenus ; les chaises qui l’entourent ressemblent à des échelles de piscine émergeant du sol autour d’une mare de sable. Elles sont réalisées en tube de métal cintré, laqué jaune. Leur couleur vive contraste avec le reste des éléments, entièrement teintés de vert olive, du sol au plafond et sur toutes les surfaces. Placé devant la fenêtre, un rail coulissant permet de faire glisser une feuille de plexiglas distordue, qui inonde la pièce de reflets aquatiques. Une pause donc, entre réalité et imagination.
Le duo propose une approche intimiste de l’habitat en dessinant un salon de lecture évolutif réalisé à partir de techniques et de matériaux traditionnels des rives de la Méditerranée. Baignée par une lumière douce que filtrent de grands voilages blancs, la pièce semble s’ouvrir au-delà de ses limites grâce à deux demi-colonnes en zellige rose pâle qui se reflètent dans une paroi en miroir. L’effet de perspective est accentué par les larges rayures jaunes et blanches du plafond laissant penser à des stores, à une terrasse intérieure dans laquelle des plantes luxuriantes apportent la fraîcheur. Sur le sol, recouvert de grands carreaux de terre cuite, sont posés des éléments de mobilier aux lignes pures ; un fauteuil en bois et une lampe en pierre brute sculptée par une artiste du sud de la France. La pièce maîtresse du salon est une bibliothèque en développement que le propriétaire est invité à creuser directement dans un long mur. Il lui faudra excaver des niches pour y placer les objets et les livres collectionnés au fil des ans, modelant ainsi de ses mains l’écrin de sa mémoire.
La chambre tire son nom d’une étape de méditation avancée qui consiste à réunir un groupe de personnes dans un environnement isolé. Pendant dix jours, les participants observent le silence et des règles de vie modeste pour favoriser une attitude de réflexion contemplative. L’aménagement de la pièce s’émancipe quelque peu de ces principes afin d’offrir plus de confort et de récréation. De grands panneaux verticaux, châssis entoilés de lin, sont disposés en arc de cercle devant les murs et dessinent un parcours de déambulation infinie. Toutes les surfaces du sol au plafond sont colorées à l’acrylique et rehaussées de touches de peinture à l’huile dans des tons d’ocre, d’orange, de chair et de sable, chauds et enveloppants. Un hamac en cuir brun tressé se suspend dans différentes positions grâce aux seuls éléments synthétiques de la pièce ; des cordes d’escalade orange vif et des mousquetons métalliques. Le mobilier sommaire est modelé dans un mélange de copeaux de bois, de silice et d’argile crue. L’ensemble est illuminé par un grand disque de deux mètres en lin fixé sur la fenêtre, lequel produit l’effet d’une lune hypnotique, affranchie des cycles et des repères quotidiens.
Jeanne Martin & Marie-Marie Vergne
Voiliers, oiseaux, amphores, sandales en plastique, algues, parasols, autant d’images colorées de l’été en Méditerranée, qui habitent tous azimuts ce lieu de détente. Invitation au farniente, la pièce est meublée par un paravent en bois, deux chaises longues et un porte-revues, chacun dessiné par le duo qui a opté pour une structure en acier cintré, laqué couleur brique, habillée d’un textile en patchwork. Les figures sus citées sont découpées dans des morceaux de couleurs pures à la manière des collages de Matisse puis cousues pêle-mêle pour dessiner un véritable tableau de vacances. S’y ajoutent de grandes rayures vertes, ocre et turquoise, évoquant tout autant les tonalités naturelles de la région méridionale que les stores des cafés. Le motif est repris sur le papier peint, lequel s’affiche en grand sur une des parois. Les autres murs sont recouverts de chaux pour apporter la luminosité à l’espace. Enfin, une table basse en aluminium martelé, peinte en vert sombre, rappelle l’artisanat qu’on chine sur les marchés. D’autres détails égayent et surprennent joyeusement, comme le mobile suspendu qui s’anime aux courants d’air, ou les patères et citrons décoratifs en céramique émaillée.
L’appartement a été le témoin d’un drame dont le principal personnage fut Mlle Oops. Malgré l’élégance mesurée et le confort feutré des lieux, Mlle Oops a préféré partir. Le décor a, lui, exigé de rester en place.
Prologue
Décor : la salle à manger
Les muscles des bras au bord de la crampe, les machinistes laissent échapper, d’une voix essoufflée : « Le rideau refuse de se lever ! » Il s’est pourtant prêté à l’exercice plus d’une fois. La couleur sang-de-bœuf – au lieu du rouge cramoisi des premiers soirs – en dit long sur son âge. L’évêque qui, seul, aurait pu lui faire entendre raison, a quitté la pièce, sans prendre la peine de replacer sa chaise ni d’attendre son invitée, l’irrésistible Mlle Oops, qu’il a, par goût du cérémonial et désir de peu parler, placée à l’autre bout de la table.
Lassée d’attendre, Mlle Oops finit par se lever. Anticipant sur les hésitations qui ne manqueront pas de la tourmenter, le rideau ceinturant la salle à manger guide Mlle Oops vers la cuisine.
Scène 1
Décor : la cuisine
Les nuances de jaune qui assaillent Mlle Oops de toutes parts réveillent quelque chose en elle. Ça n’est pas un champ de Van Gogh avant la moisson. Ni des cageots de citrons ou de pamplemousses. Ça la taraude comme un mauvais souvenir, celui d’une trahison. Voilà que lui vient irrésistiblement l’envie de trahir. Mais elle n’a personne à trahir. Simplement parce qu’elle n’a personne à aimer. Il lui faut donc d’abord aimer. Voilà qui est dit. Plus rien ne la retient dans la cuisine qu’elle quitte en toute hâte.
extrait du texte publié dans le catalogue Design Parade
Il faut sans doute être un peu culotté, naïf, poète ou les trois; cultiver l’idée du luxe comme celui d’un univers régi par des normes qui n’appartiennent qu’à lui, loin des contraintes du quotidien, du mesuré, des facéties de l’époque. Près, au contraire, du désir. Il faut encore avoir le goût du paradoxe, du contrepied, de l’infiniment singulier. Il faut peut-être tout simplement s’appeler Pierre Marie pour s’être autorisé à imaginer, en plein milieu de l’été, au rez-de-chaussée de l’ancien archevêché de Toulon, un Jardin d’hiver. Un été truqué, comme le chantait Christophe (dans son très beau titre « Chiqué, Chiqué »), un hiver en juillet.
« C’est une pièce dont j’ai toujours rêvé, explique-t-il. Elle matérialise un état transitoire. On y est encore chez soi mais plus tout à fait. C’est un sas de décompression, une façon de faire entrer l’extérieur à l’intérieur. Je l’ai pensé comme un lieu on l’on pourra venir chercher de la fraîcheur, s’allonger près du sol, lire un livre au milieu des plantes, ou recevoir ses amis et boire le thé. »
L’inspiration principale est venue d’un voyage réalisé au Sri Lanka l’hiver dernier, du souvenir de ce voyage. Que reste-t-il de cet ailleurs lorsqu’on en est revenu? Qu’en retient-on? Des matières, des sensations, des couleurs qui se mêlent alors à son propre imaginaire, s’entrelacent avec lui.
Les orchidées et les fleurs de lotus (emblème national du Sri Lanka) du jardin botanique de Kandy, deviennent ainsi des motifs qui se projettent et s’impriment dans l’espace. Le vert presque fluo, très pâle, très dilué qui recouvre de très nombreux bâtiments sri-lankais embrasse tous les murs de la pièce, donnant à celui qui s’en approche la sensation d’entrer dans un dôme lumineux.
Pour donner corps à ce jardin fantasmé, porteur d’un exotisme assumé, Pierre Marie a travaillé avec des artisans dont il est proche, tous porteurs de savoir-faire d’exception, lesquels, mis au service de sa vision, réaffirment leur contemporanéité : le vitrail, le tapis d’Aubusson, les émaux de Longwy… À l’image de ses autres créations, ce projet d’architecture intérieure conserve une approche naïve, narrative, qui se fait fort de remettre au centre du projet le dessin et l’ornement. Pierre Marie est parti de l’existant, le sol de l’archevêché en terre de Salernes, l’empreinte de l’ancienne cheminée devenue fontaine, et qui surplombe désormais un bassin carrelé d’émaux. « Là où il y avait le feu, j’ai eu envie d’apporter l’eau » précise-t-il. L’immense ogive de la porte-fenêtre désormais habillée d’un vitrail au motif enrubanné, laisse entrer la lumière extérieure. Celle-ci se réfléchit et entre en résonance avec les motifs du luxuriant tapis, formant une pièce pleine de correspondances, de malice, de pièges pour les yeux. Happé par le motif, par ses répétitions, empli d’une ferveur aussi nouvelle qu’inattendue, on ne rêve alors que de langueur, de fraîcheur, d’un hédonisme alangui, chuchoté à l’oreille de corps proches, contemplatifs et amis.
Géraldine Sarratia
Lesage intérieurs, Ronan & Erwan Bouroullec
La rencontre du brodeur Lesage Intérieurs et des designers Ronan et Erwan Bouroullec a donné naissance au projet Taille douce, fruit du dialogue entre un design réfléchi et un savoir-faire exceptionnel en broderie tourné vers l’avenir.
Regards croisés
La broderie est une langue, comment la parler?
Notre monde est chargé de pixels, à la recherche constante d’une nouvelle image à mettre en forme, si bien que nous avons oublié, qu’il n’y a pas si longtemps il était difficile de produire une image physique. La broderie nous vient de cette époque, où l’effort pour produire était un juste équilibre en regard de la symbolique portée par l’image. Pas de doute, l’artisanat fixe bien plus que de simples couleurs ou détails. Il invente une langue à part, la difficulté étant de trouver les mots qui conviennent, au risque de voir disparaître le symbolique. On peut rapprocher la broderie de l’origine du pixel, chacun de ses points participant à une image totale et portant tout de même son propre poids et sa magie. Nous avons codé une séquence numérique qui dégrade les images. Un moyen de traduire point par point les millions de bits en une autre langue qui oublierait l’information, laissant apparaître le symbolique. Les informations restantes constituent l’essence de l’image, et laissent la magie du fil et de l’aiguille formuler la phrase. La broderie est un langage magnifique, empreint de multiples expressions et techniques et l’apprendre est l’histoire d’une vie. Nous avons construit un outil qui traduit le symbolique et laisse aux mains savantes le soin de la formulation.
Erwan & Ronan Bouroullec
Déshabiller l’ornement : The veil
Quand l’œil d’Erwan et Ronan Bouroullec s’attache, non plus à l’ornement mais à l’essence de la broderie, c’est l’émotion du langage des points qui s’exprime. La précision, la minutie, l’enchevêtrement de chaque point enchaîné l’un avec l’autre suit les rythmes hachurés des compositions en taille-douce.
Le langage, comme l’image, est alors suggéré, voire susurré. Il raconte, dans une langue d’aujourd’hui, le lien puissant créé entre le travail de la main du brodeur et le graphisme poétique et moderne de la technologie guidée par l’émotion du concepteur.
Le dessin, comme une fresque, se déroule sur le panneau « the veil ». Il s’égraine sur le tissu. C’est un retour à l’essentiel du métier.
Jean-François Lesage est l’héritier de trois générations de brodeurs établis depuis 1880, et son père, François Lesage, est le brodeur légendaire de la haute couture. De son bureau parisien Lesage Intérieurs, il crée et développe des projets de broderies d’ameublement avec des clients du monde entier : décorateurs, architectes d’intérieur, musées, galeries d’art, collectionneurs privés, tapissiers. Sa manufacture située en Inde à Madras-Chennai, est certifiée SA 8000, garantissant l’éthique sociale du cadre de travail. Là, sous la direction de Jean-François Lesage, deux cents brodeurs réalisent les projets de broderie de grand raffinement et en commande spéciale. En 2014, Lesage Intérieurs rejoint la maison Lesage, maison d’art de Chanel.
Jean-François Lesage
Il s’agit d’une invitation à explorer les plaisirs d’une passion cachée. L’obsession d’un collectionneur fictif pour les vases en tout genre qui ont été chinés, prêtés ou créés pour l’occasion. À la manière d’un cabinet de curiosité, il a mis en scène dans cet espace intérieur une série de niches et d’étagères.
Ces objets dialoguent avec les décorations de la cheminée et autres fantaisies esthétiques composées d’esquisses, de dessins et de tableaux. L’ensemble fait écho aux paysages de Toulon, c’est une invitation au voyage intérieur et extérieur du collectionneur. Les tonalités expressives de ce salon fantasmé évoquent la chaleur du sud de la France et l’art de la céramique qui a fait la renommée de toute la région.
Alexandre Benjamin Navet est lauréat du Grand Prix Design Parade Toulon Van Cleef & Arpels en 2017, qu'il a remporté en duo avec Paul Brissonet. Il est diplômé de l'ENSCI - les ateliers, il vit et travaille à Paris.
La première fois que je suis arrivé à Fabrègues, je fus stupéfait, comme si chaque arbre, chaque pierre, chaque construction plongeait en moi.
Certains lieux ont une profondeur que l’on peut appeler âme si on veut, ou esprit, ou autre chose. Dans ces lieux, notre présence se trouve confrontée à une présence autre, plus grande, qui la devance, l’englobe et la surplombe.
Cette dimension particulière ne s’explique pas, elle s’impose et se ressent, dans l’intimité de chacun, probablement en lien avec les souvenirs de l’enfance. La mienne eut lieu au pied de la Sainte-Victoire toute proche, la même couleur de la terre, les mêmes odeurs, presque la même lumière.
Ce jour-là, Pierre, que j’avais rencontré quelques jours avant, et Mathieu m’ont accueilli comme on accueille un ami. L’élégance de leur accueil répondait à la majesté de l’endroit que Pierre et Mathieu incarnaient comme s’ils avaient toujours vécu là. Ils venaient de finir une très longue restauration, à la fois juste, précise et raffinée, qui sublimait l’architecture ronde et brute, douce et austère, du château.
Pierre eut l’intuition de proposer à Claire de réaliser une œuvre dans la chapelle, pressentant que son art, « tourné vers le dedans » selon ses mots, et le lieu, une petite chapelle lovée contre les murs puissants du château, au cœur de l’immense dehors de Fabrègues, avaient des choses à se dire. Pierre m’a alors demandé de venir filmer et photographier le travail de Claire, qui allait durer un mois.
C’était le printemps mais il fait encore froid dans le haut du Haut-Var à cette époque. J’ai fait quatre fois le chemin jusqu’à Fabrègues durant la présence de Claire. Quatre fois j’ai pris les routes de la Provence froide en me répétant à quel point la nature d’ici, sauvage et immense, très peu domptée, peu habitée, était simplement belle.
Claire travaillait dans la chapelle dont elle avait fait repeindre les murs dans un rose éteint. Je regardais et j’écoutais. À la fois, Claire, fulgurante et silencieuse, et la nature autour, sous différentes lumières et différents ciels. En rentrant et en sortant de la chapelle, je passais de l’intimité à l’espace. J’observais à la fois l’œuvre en train de naître, dans son cocon, et les pins, les chênes caduques et les herbes folles qui abritaient son éclosion. Peu à peu, les formes apparaissaient sur les murs, grandissaient, des visages, des yeux, certains tristes. Les enfants naissaient des gestes de Claire, et de son regard, qui, parfois, semblait plonger vers l’intérieur.
Dehors, le ciel brûlait au lever du jour, les pins se balançaient lentement, laissant apparaître entre leurs longs troncs bleus presque noirs, des bouts de ciel d’un autre bleu, celui de la nuit qui s’efface.
Julien Oppenheim
Daragh Soden nous plonge dans un univers de lumières. Du Faron au Cap Brun en passant par l’anse Méjean, le photographe irlandais raconte les chroniques d’une vie ordinaire. Celles d’une ville multiculturelle où les habitants s’approprient les lieux. Lors des trois séjours effectués sur place, il a rencontré de jeunes immigrés, des militaires, des Toulonnais de longue date et des marins en transit. La vie émane de toute part de ses photos, dans la joie, le sérieux et la lassitude.
La rade, cette étrange beauté d’une cité maritime, cet espace militarisé interdit au public, rythme la cité portuaire. Daragh a pénétré dans l’enceinte de haute sécurité pour y shooter l’autre vie de Toulon, celle que l’on imagine austère, celle des militaires. Et pourtant, le soleil enveloppe chaque équipage de ses ors scintillants.
Un commandant prend la pose, le quartier-maître sourit et le matelot est au garde-à-vous. Le pont se teinte d’or et met en lumière différentes trames invisibles lorsque le soleil est à son zénith. Une lumière bienveillante et douce sublime les sujets, les inscrit dans l’éternité.
À la sortie du port, la sensation des grands espaces, l’impression de mobilité et de transition sont immédiates.
Les marins voguent vers de nouvelles missions, la rade n’est qu’une escale. Les motards qui sillonnent les tortueuses routes du Var font une halte baignade. Les touristes et leurs luxueuses berlines partiront à la fin de l’été.
Toulon reste, Toulon change. Toulon renaît à chaque golden hour.
Les photographies de Daragh Soden font l’objet d’une publication dans la collection « Portraits de villes », éditions Be-Pôles. Daragh Soden est basé à Londres. Il a remporté le Grand Prix du jury Photographie à Hyères en 2017.
Mathilde Vallantin Dulac & Victor Levai
Pour Design Parade, quatre artistes ou collectifs occupent d’une manière singulière l’ancien évêché de Toulon. Matthieu Cossé réalise la fresque en noir et blanc, sous le porche voûté, à l’entrée du bâtiment. Jade Fourès-Varnier et Vincent de Hoÿm signent le mobilier pour la cour, sous la ramure du platane. Victor Levai et Mathilde Vallantin Dulac s’emparent de la boutique, avec un cabinet de curiosités, entre fantômes et estampes, où We Do Not Work Alone présente ses tapis d’assise en laine nouée, réalisés au sein de l’école de teinture et de tissage Kurashiki Dyeing Spinning and Weaving Studio au Japon. Ensemble, ils composent un aréopage, visages d’un art jeune, décomplexé et polyvalent. Si rien de formel ne les unit, si ce n’est un archipel mouvant de lieux et de figures communes, un air de famille semble s’être cristallisé, ce qui a suggéré l’idée de les réunir. Sans jouer l’air de la nouvelle vague, leur énergie bat au rythme des mêmes pulsations, et frotte les plages d’un même ressac. La légèreté post-Dufy de Matthieu Cossé donne la fausse impression d’un délié solaire, estival pointilliste, quand une sourde mélancolie est l’indice d’une réflexion sur l’attention réduite à l’heure de Snapchat. Chez lui, le dépassement du formalisme n’est en rien la croyance naïve à une innocence possible, mais cette dialectique étrange entre harmonie et vague à l’âme. Victor Levai et Mathilde Vallantin Dulac, primés à la Design Parade de Toulon en 2017, y jouaient aussi sur la tension entre simplicité et brutalité, précision dans et alentour de formes indomptables ou abandonnées, créant une aura à la fois ensoleillée et quasi gothique que l’on retrouve sans doute ici dans une version extrême-orientale. De même Jade Fourès-Varnier et Vincent de Hoÿm, dans un travail plus référencé, subvertissent innocemment les souvenirs des pinacothèques : amphores et cènes, fleurs et tables de banquet de Cézanne sont ravivées et redistribuées dans des compositions entre plaisir et grimace.
Ensemble, leurs travaux semblent former un kaléidoscope méditerranéen — japonisant ici — hédoniste, parfois ironique, certainement moderne dans son dialogue avec les enjeux spéculaires de la visite et de la circulation, privé de toute naïveté malgré un panthéon discret et commun de formes et de mouvements. Ils témoignent d’une avidité de création et d’invention qui passe aussi par le décloisonnement des pratiques, indifférentes au support et aux techniques. Le dessin n’est plus l’apparat du design ou sa préhistoire, mais le moment final de digestion réflexive. La référence se métamorphose, s’incarne et s’efface dans les rétines autant que sur les objets et les murs. L’éblouissement du monde est enchâssé, heurté par des spleens en sourdine. Leur façon d’habiter un lieu ? Avec des souvenirs, des allusions poétiques et des rimes en écho, tout en préservant l’étrangeté dissimulée en théâtre estival et pop.
Baptiste Rossi
Pierre Banchereau - Debeaulieu
On vous remarque depuis quelques années pour vos bouquets extraordinaires, votre art d’accommoder les végétaux sauvages et de rendre leur poésie aux fleurs désuètes. Vous incorporez parfois des objets quotidiens à vos compositions. Mais on ne connaît pas vos sources d’inspiration.
— Je ne me définis pas comme fleuriste traditionnel travaillant uniquement le végétal. En effet, il est pour moi important que la composition réalisée accompagne au mieux un lieu, une collection, un thème. C’est en cela que j’ai une approche où l’aspect décoratif floral final nécessite parfois des insertions de matières, de matériaux divers. J’aime détourner des objets ordinaires et les transformer, mais aussi les révéler de manière décalée. Cela peut être des cordes, des tissus, du matériel de bricolage ou jardinage, ou bien encore glaner dans la nature ou chiner aux puces. Une de mes boutiques parisiennes préférées : le sous-sol du bhv!
Le travail de la fleur se fait dans l’instant et les œuvres que vous créez sont éphémères. Vous utilisez des formes naturelles et locales. Comment jouez-vous avec ces contraintes?
— Je conçois mes bouquets comme un peintre réalise une toile. J’ai déjà en tête ma sélection de fleurs, ma gamme de couleurs, mais tout se fait au fur et à mesure que le bouquet se construit. Il arrive assez souvent, d’ailleurs, qu’un seul élément vienne changer le cours de la composition. Je considère les contraintes de la nature, de la saison et de l’unique comme une force et une richesse qui rendent la réalisation inédite. L’une des premières raisons pour lesquelles j’ai décidé de faire ce métier, c’est pour son côté éphémère. C’est pourquoi je photographie rarement mon travail.
Pour Design Parade, vous présentez une installation en collaboration avec le studio Akatre. Comment est né ce projet avec les graphistes?
— Le studio Akatre réalise déjà les photographies pour notre site Internet. À l’origine, l’exercice de figer ces bouquets était difficile, mais aujourd’hui c’est une réelle démarche et une réflexion avec cette équipe. Pour cette installation, la collaboration s’est faite très spontanément. Nous partagions le désir de construire notre travail commun sous la forme d’une vidéo face à une œuvre photographique de Martin Parr. C’est un vrai travail à quatre mains. Je partage avec eux mon univers, mes envies, mes inspirations et ils s’en nourrissent pour réaliser et mettre en forme ce projet.
5Rooms est né d’une visite de la villa Noailles, en janvier 2017 et s’inscrit au cœur d’un programme de résidences porté par une association à but non lucratif fondée à Monaco.
La possibilité d’une collaboration avec le centre d’art nous a incités à repenser le projet de restauration des cinq chambres et leur salle de bain du mas du Moulin des Ribes. Nous avons lancé un concours pour les aménager et les ameubler. Ce concours ouvert aux anciens lauréats du festival Design Parade nous a permis de sélectionner quatre studios de designers. La cinquième chambre a constitué le prix des lauréats de l’édition 2017 de ce même festival dans la catégorie architecture d’intérieur.
Du lit au réveil en passant par les lanternes, les draps, les verres, les carafes… tout a été pensé de manière à ce que chaque chambre exprime son imaginaire en dialogue avec le lieu et l’artisanat local.
Ce fut un plaisir de travailler directement avec les designers et de donner naissance à une collaboration dynamique et cordiale entre tous les participants du projet. Nous avons pour cela organisé des temps de rencontres et d’échanges entre les artisans et les divers corps de métiers impliqués (maçons, électriciens, plombiers, menuisiers, forgerons, peintres, etc.)
5Rooms témoigne aujourd’hui d’une expérience humaine plurielle qui à long terme en révélera bien d’autres. Joachim Jirou-Najou, Paul Brissonnet + Alexandre Benjamin Navet, Superpoly, Studio Quetzal, Zanellato/Bortotto : cinq studios de designers pour cinq chambres, futurs cocons créatifs et refuges de libre pensée. 5Rooms constitue aujourd’hui le prologue de nombreuses collaborations qui conduiront notre association monégasque à soutenir, localement et internationalement, designers, artistes, artisans et chercheurs à travers des résidences et des workshops.
Silvia Fiorucci
Avec Silvia Fiorucci, nous partageons la passion de l’art et de la découverte de nouveaux talents, conscients des enjeux et des besoins des jeunes créateurs. Cette réalisation est aussi généreuse pour les futurs accueillis que pour les designers commissionnés car elle leur offre une occasion concrète de travail, accompagnés par Silvia, par le centre d’art et par les artisans du sud-est de la France dont le savoir-faire spécifique prend ici tout son sens. Les matières, les couleurs et l’artisanat témoignent de l’art de vivre sur la Côte d’Azur, ce territoire qui nous relie et qui a vu les plus grands artistes s’y révéler depuis des décennies.
Jean-Pierre Blanc
ESAD Toulon Provence Méditerranée
Thierno Sidy Barry, Théva Blanc, Mikaël Breneol, Chloé Cazaux, Célia Jean-Jacques, Chaewon Kim, Alizée Legrain, Joanne Léonin, Mallaury Marc, João Carlos Martins Arantes, Pauline Michallet, Charlotte Michel, Isabelle Morelli, Grégory Riera, Clément Rouvier, Mayourie Vicens
Atelier design local, 2e année design
Professeurs : Sébastien Cordoleani, Pascal Simonet
Terre à terre, tomettes et multiples
Exposition à la Galerie de l’école, place Gambetta
Partenaires
PARTENAIRES INSTITUTIONNELS
PARTENAIRES PRINCIPAUX
PARTENAIRES À L'ANNÉE
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AVEC LE SOUTIEN DE
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